Les mains sont au service de l’intelligence.
Maria Montessori disait :
» L’étude du développement psychologique d’un enfant doit être lié à l’étude des activités de sa main ».
Lorsqu’un enfant découvre les lettres en passant la pulpe de ses doigts sur des lettres rondes, longues et fines, c’est toute son attention qui est là, présente.

Le geste montré, s’approprie sous nos yeux ébahis, par de petites mains encore maladroites et qui pourtant construisent à une vitesse vertigineuse toute la grandeur de la pensée humaine.
La cursive est depuis toujours, le seul style d’écriture privilégié par Maria Montessori.
Femme éduquée au sein d’un milieu bourgeois, logeant près de rues animées, témoin des devantures s’installant de-ci de-là suivant la valse des modes de l’époque.
Bien évidemment, l’écriture en capitale était déjà partout, simplifiant le travail des menuisiers, des peintres et des poseurs d’enseignes.
Évidemment, les produits de consommation de l’époque étaient présentés avec des lettres majuscules aux couleurs vives attirant les regards prêts à acheter.
Pourtant, Maria Montessori a fait le choix de la cursive en premier lieu, avant même la première Maison des Enfants de Saint-Lorenzo et auprès des enfants dits « fous », de l’époque.
Il faut bien garder à l’esprit que Maria Montessori a mis en place une méthode scientifique basée sur l’observation, sur l’universalité des élans intérieurs, sur l’homogénéité des moments propices à l’apprentissage.
Les observations de Maria Montessori et sa pratique ont permis une sélection empirique et des présentations sensées englobant toute une logique, une continuité, une évolution calculée qui amène les jeunes esprits à passer à l’abstraction par l’immersion de leur corps tout entier dans le concret.
Le concret de l’écriture, qui précède la lecture, ne se construit qu’en isolant les difficultés. Maria Montessori le disait très bien « Un seul apprentissage à la fois ».
Ainsi, les mains du jeune enfant sont prêtes à entrer dans cette incroyable aventure de l’écriture, ayant répété maintes et maintes fois les mêmes gestes de vie pratique et participant activement à l’aiguisement de tous les sens.
Isoler la notion ne signifie pas que les apprentissages ne sont pas pluridisciplinaires, ils répondent au contraire à la mise en place de l’écriture par un nombre important d’éléments interconnectés.
Il est donc évident que le poignet, porteur de l’outil scripteur et levier de la réflexion, de par sa structure physiologique articulatoire est prévu pour la rondeur, la fluidité, la précision du geste.
La cursive en est presque une danse attendue tant elle permet à l’enfant de répondre à cette aisance biologiquement donnée. Puis, elle s’inscrit logiquement dans un évitement de confusions entre les lettres ou de l’effet miroir.
Elle permet une posture optimale, une base solide et dure sur laquelle peuvent se reposer toutes les autres graphies une fois la lecture lancée.
Pourquoi devrons-nous handicaper l’enfant, entraver l’élan ? Qui sert-on lorsque l’on demande à nos élèves d’écrire en lettres capitales ?
Sous-estimons nous leur intelligence ?
Comment ne pas tomber dans une sorte de schizophrénie qui demanderait à l’enfant d’écrire en « lettres bâtons » sous prétexte que cela répond à un » besoin » de lecture des slogans publicitaires ?
Dissocions intelligemment le geste d’écrire, le savoir écrire, le savoir former les lettres, et la faculté de lire.
Écrire en majuscules viendrait à faire croire à l’enfant que cela faciliterait sa lecture et donc sa compréhension?
Si nous y regardons de plus près, il semble pourtant que servir à l’enfant le plateau argenté de la commodité constitue une insulte à ses capacités.
La majuscule a un rôle précis, répond à des règles grammaticales. Elle constitue à elle seule plusieurs leçons données aux enfants lors de leur cursus montessorien.
Elle n’est pas mise de côté, ne lui jetons pas la pierre. Mais à chaque chose, sa place.
Maria Montessori prônait l’ordre.
Ce n’est pas applicable seulement aux étagères de nos classes.
Cela s’applique à chaque éducateur qui se questionne et qui cherche à faire la place en lui pour comprendre et observer, pour déduire et avancer.
Cela s’applique aussi à chaque adulte qui souhaite rester au clair avec lui même, sans amoindrir la pédagogie et la posture qu’il prône, sans se laisser aller à des intérêts autres que ceux des enfants.
Charlyne Aron, collaboratrice de 123Montessori,
Éducatrice Montessori chez » Aux p’tites éponges »
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